… dans le journal Sud-Ouest du 6 Janvier 2012.
Cette photo de l Uhabia , pour montrer aux plus jeunes qui n’ont connu que des cours d’eau canalisés par des blocs rocheux ce qu’était nos rivières autrefois.
Il faut que nos rivières retrouvent de vraies berges qui permettent une dépollution naturelle (gratuite et 24h/24), un refuge pour la faune et qui limitent les crues conformément à la directive européenne ( DCE 2000/60)
L’Uhabia, source de polémique
La Coordination santé environnement n’est pas convaincue par le projet de la Ville de Bidart et de l’Agglo pour réduire la pollution de la rivière.
La Coordination santé environnement du Pays basque ne désarme pas. Elle s’efforce de faire connaître les maladies liées à la pollution, en particulier la pollution chimique de l’océan. Se limitant à la pollution bactériologique, les normes « eaux de baignade de 2015 » ne tiennent pas compte, selon elle, de ces polluants chimiques, et amènent à des « aberrations écologiques ». La coordination (qui vient d’adhérer au Cade de l’opiniâtre Victor Pachon) en veut pour preuve la dérivation de l’Uhabia, à Bidart, rivière qui a la réputation d’être une des plus polluées du Pays basque.
Pour Sylvie Peres, médecin dermatologue, et membre du bureau de la coordination, le projet porté par la mairie de Bidart et l’Agglomération Côte basque Adour est « onéreux et inutile ». Il prévoit le creusement d’un bassin de stockage des crues, relié à un émissaire en mer, destiné à détourner l’eau polluée lors de fortes précipitations, et le contrôle de la rivière par un système de portes à clapets. Son seul but, dit-elle, est « d’améliorer la qualité de la plage de l’Uhabia pour être en conformité avec les normes de 2015 ».
Sylvie Peres avait eu, à ce sujet, lors d’une réunion publique qui s’est tenue au début du mois de décembre, un vif échange avec le premier adjoint au maire de Bidart, Marc Bérard, pourtant de sensibilité écologiste. Et, en compagnie du docteur Bernard Chapuis, autre membre du bureau, elle a récemment rencontré le sous-préfet, Laurent Nuñez, pour lui exprimer ses inquiétudes.
Aucune des mesures envisagées ne la satisfait. Le nouvel émissaire « déplacera les eaux polluées à 500 m dans une zone récemment classée Natura 2000 côtier », ne tenant pas compte « de la diffusion et de la persistance dans le milieu marin de la pollution chimique, des métaux lourds, des déter-gents, des perturbateurs endocriniens… »
Eaux de ruissellement
Le projet, d’après elle, « ne prend pas en considération l’existence de l’ancienne décharge de Bassilour », « pourtant l’une des sources majeures et chroniques de la pollution de l’Uhabia », ni des effluents (lixiviats) de la décharge Zaluaga de Saint-Pée-sur-Nivelle, « insuffisamment traités ». Le médecin reproche aussi au projet de ne rien prévoir en ce qui concerne les eaux de ruissellement « qui devraient être directement drainées vers des espaces verts permettant une dépollution naturelle et gratuite » et qui seraient le « meilleur moyen de prévenir les crues ».
Sylvie Peres est particulièrement sévère au sujet de l’implantation des portes à clapets qui entraînera, dit-elle, « une artificialisation obligatoire des berges et, outre son aspect inesthétique, empêchera une dépollution naturelle ». En outre « le nouveau système ne sera utilisé que durant la période estivale et en dehors des risques de crues. Le reste du temps, les pollutions pourront continuer à s’épandre sur la plage et dans l’océan. » Et elle s’interroge : « Alors que les communes du bassin versant (Bidart, Ahetze, Arbonne, Arcangues et Saint-Pée-sur-Nivelle) ont signé, en juillet dernier, un contrat où elles s’engagent à lutter contre toutes les sources de pollution d’ici 2013, pourquoi dépenser 10 millions de plus pour le système des portes à clapets ? »
Face à ce qu’elle considère com-me « des incertitudes et des approximations », la coordination demande que « les associations sérieuses (sic) de défense de l’environnement siègent au contrat de bassin, comme cela est prévu dans la directive européenne, que la pollution générée par la décharge de Bassilour soit traitée au plus vite, et que des contrôles rigoureux, accompagnés de pénalités soient réalisés auprès des principales sources de pollution : assainissement collectif et individuel, pollution agricole, hôtellerie de plein air… »
Sud-Ouest le 6 janvier 2012 – Emmanuel Planes